Uchi deshi au dojo Ann Jyou Kan : témoignage

Pendant plus de 3 mois (novembre 2015 à février 2016), Christina, autrichienne, a été uchi Deshi au dojo Ann Jyou Kan. Ce fut une expérience très enrichissante et dynamisante, autant pour elle que pour les pratiquants du dojo.

Voici son témoignage.

 

"Uchi Deshi Rapport
On m’a donné l’occasion d’être Uchi Deshi au Dojo Ann Jyou Kan à Paris pendant trois mois. Plusieurs raisons m’ont conduite à cette expérience – je cherchais à étudier un art martial d’une manière traditionnelle pour améliorer mes compétences techniques, à m’engager plus profondément dans la pratique du Zazen, à travailler à s’oublier le Soi, à faire partie d’une communauté et à m’engager pleinement pour soutenir le dojo. En faisant cette rétrospective, je me rends compte que j’ai appris beaucoup plus que simplement la technique. J’ai commençé à vivre l’Aikido, à cesser de chercher à comprendre son sens profond rationnellement. L’Aikido n’est pas un sport, ce n’est pas seulement un exercice physique sur des tapis de gymnastique. Il est une voie et un engagement à un mode de vie. Ses implications dialectiques vont au-delà des formes techniques telles que Gyaku Hammi Katate Dori Ikkyo Omote ou Sansho I. Comme de nombreux grands maîtres l’ont souligné, un art martial est une voie continue pour s’affiner. L’apprentissage de la forme peut être considéré comme un développement horizontal, alors que l’intégration des valeurs telles que l’humilité, la réceptivité et la modestie en soi-même est une voie verticale. L’étude de la forme technique de l’art est un moyen de se transformer le Soi. En fin de compte, il ne doit pas maîtriser la forme mais soi-même. Comme O’Sensei a dit : masakatsu agatsu – la vraie victoire est la victoire sur soi-même. Mon temps d’Uchi Deshi m’a transformée et m’a fait comprendre plus profondément que l’Aikido va au-delà de la pratique sur les tatami. Je vois une longue, longue voie de travail devant moi, mais je suis heureuse et reconnaissante parce que j’ai commencé à y marcher.

Sur le plan pratique, j’ai appris à davantage engager davantage mon centre de gravité et les mouvements de la hanche, à mieux absorber les mouvements avec tout mon corps (dans la pratique à mains nues, ainsi que dans le travail des armes) et à être plus précise. En observant, en aidant et parfois en enseignant les classes d’enfants, j’ai appris beaucoup de choses sur la relation élève-enseignant, la responsabilité, la confiance et le respect, et la façon de structurer une classe d’Aikido. En vivant au milieu du dojo et en m’engageant à le soutenir pleinement et à travailler à son service, j’ai perçu et réalisé qu’un dojo est beaucoup plus que simplement un endroit pour pratiquer l’Aikido sur les tatami. C’est un endroit où la voie est pratiquée. C’est un endroit de travail sincère, de retraite, de respect, de confiance et d’utilisation partagée. C’est également une communauté sociale qui s’épanouit à partir de son hétérogénéité, ses différentes activités et ses membres nombreux et différents, chacun ayant des talents et des contributions divers. C’est vraiment une « maison de la paix et de la prospérité » vivante, comme Kazuo Chiba Sensei l’a si judicieusement nommée. Je suis très reconnaissante d’avoir eu la permission d’être Uchi Deshi au Dojo Ann Jyou Kan, ce qui m’a permis de vivre l’une des périodes les plus enrichissantes de ma vie."



"Uchi Deshi Bericht
Mir wurde die Möglichkeit gegeben, drei Monate als Uchi Deshi im Ann Jyou Kan Dojo in Paris zu leben. Mehrere Gründe haben mich zu dieser Erfahrung bewegt – ich strebte danach, eine Kampfkunst auf traditionellem Wege zu studieren, meine technischen Fähigkeiten zu verbessern, meine Zazen-Praxis zu vertiefen, an meinem Selbst zu arbeiten und es zu vergessen, Teil einer Gemeinschaft zu sein und mich gänzlich der Unterstützung des Dojos zu verschreiben. Im Rückblick habe ich wesentlich mehr gelernt als bloßes technisches Wissen. Ich begann Aikido zu leben, ohne versuchen zu wollen, seine tiefe Bedeutung rational zu verstehen. Aikido ist kein Sport, keine Körperübung auf ein paar Gymnastikmatten. Es ist ein (Lebens)Weg, die Hingabe zu einer Lebensweise, dessen dialektische Bedeutung über reine technische Formen wie Gyaku Hammi Katate Dori Ikkyo Omote oder Sansho I hinausgehen. Wie viele große Meister hervorgehoben haben, ist eine Kampfkunst ein lebenslanger Weg, sich selbst weiterzuentwickeln, sein selbst zu „veredlen“. Während das Erlernen der Form als eine horizontale Entwicklung gesehen werden kann, ist die Integration von Werten wie Bescheidenheit, Empfänglichkeit und Genügsamkeit ein vertikaler Pfad. Die Form der Kampfkunst zu studieren ist sozusagen das „Gefährt“, das uns nach vorne bringt, mit dem wir uns (um)formen. Letztlich ist es die nicht die Form, die es zu meistern gilt, sondern das Selbst. Wie O‘Sensei es ausdrückte: masakatsu agatasu – der wahre Sieg ist der Sieg über sich selbst. Meine Uchi Deshi Zeit hat mich verwandelt und mich tiefer verstehen lassen, dass Aikido über die Technik auf den Tatami hinausgeht. Ich sehe einen langen, langen Weg mit viel Arbeit vor mir, doch ich bin glücklich und dankbar, dass ich begonnen habe, ihn zu gehen.

In praktischer Hinsicht habe ich gelernt, mehr mit meinem Schwerpunkt zu arbeiten und meine Hüften zu bewegen, Bewegungen mit meinem ganzen Körper zu absorbieren (auch in der Waffenarbeit) und präziser zu sein. Indem ich Kinderstunden observiert, in ihnen assistiert und sie manchmal auch selbst geleitet habe, habe ich vieles über die Schüler-Lehrer- Beziehung, Verantwortung, Vertrauen und Respekt, und die Struktur einer Aikidostunde gelernt. Durch das Leben inmitten des Dojos und das volle Engagement seiner Unterstützung habe ich das Dojo als mehr als nur einen Ort des Trainings erlebt. Es ist ein Ort, in dem der Weg praktiziert wird. Es ist ein Ort der aufrichtigen Arbeit, des Rückzugs, Respekts und Vertrauens, und des Teilens. Es ist auch ein Ort der Gemeinschaft, die gerade durch ihre Heterogenität, den vielfältigen Aktivitäten und zahllosen unterschiedlichen Talenten und diverseren Beiträgen eines jeden Einzelnen aufblüht. Es ist wahrhaftig ein „Haus des Friedens und des Wohlstandes*“, wie Kazuo Chiba Sensei es treffenderweise benannt hat. Ich bin sehr dankbar dafür, die Möglichkeit bekommen zu haben, als Uchi Deshi im Ann Jyou Kann Dojo zu leben. Es war eine der mich am meisten bereichernden Zeiten meines Lebens.
*Wohlstand ist dabei als innerer, und nicht als materieller Reichtum zu verstehen"